(c) Tagesanzeiger, 15 mars 2010. Par Andrea Fischer
La garde parentale partagée ne fonctionne que si les parents se comprennent et peuvent communiquer entre eux. On ne peut pas forcer cela, mais cela peut s’apprendre.

Même si les parents se séparent, la responsabilité partagée de l’enfant demeure. 

Pour Ingrid C.*, c’était clair dès le départ. Lorsqu'elle s'est séparée de son mari il y a huit ans, elle a immédiatement accepté de partager la responsabilité parentale de leur fille aujourd'hui âgée de 14 ans. « Je ne voulais pas de dispute à propos de l’enfant », dit-elle en regardant en arrière. Le père s'est également montré coopératif et, immédiatement après la séparation, a accepté de prendre en charge la moitié des soins de la fille.

Malgré ces conditions idéales, Ingrid C. a dû apprendre à faire face à la nouvelle situation et à renoncer à des pouvoirs qu'elle tenait auparavant pour acquis. «Au début, j'oubliais souvent d'impliquer mon ex-mari dans les décisions importantes, car je savais qu'il avait toujours été d'accord avec mes décisions dans le passé. C'est seulement lorsqu'il m'a dit qu'il ne voulait pas être mis devant le fait accompli que j'ai réalisé cela."

Délimiter les zones d’influence

Dès lors, les parents se réunissent une fois par mois dans un café – « en terrain neutre », comme le dit Ingrid C. – pour discuter et clarifier les questions ouvertes. Ils ont défini leurs sphères d'influence respectives, par exemple en se mettant d'accord sur qui était responsable de quelles activités sportives. "Cela nous a permis d'éviter que la fille ne monte un parent contre l'autre parce que l'un s'en sort mieux que l'autre."

Mais de nombreuses mères ont du mal à lâcher prise et à confier leurs enfants à leur père pour qu'il s'en occupe régulièrement - comme ce fut le cas de Walter P.* : Sa femme ne pouvait tout simplement pas imaginer que les enfants vivaient ailleurs que chez elle, dit la 48e année. médiateur. Le père continue de s'occuper de ses enfants dans l'ancien appartement familial, où il entre et sort plusieurs fois par semaine. Cela présente l'avantage pour les enfants de pouvoir rester dans leur lieu de résidence d'origine, tandis que le père reste impliqué dans leur vie quotidienne et est automatiquement tenu informé de tout.

Votre ex régulièrement dans votre propre appartement ? Ce modèle n'est possible que parce que Walter P. et son ex-femme ont mis fin à leur relation et se font confiance en tant que parents. La compréhension mutuelle et une communication efficace entre les parents constituent la meilleure garantie que la garde partagée fonctionnera après la séparation, estime Andrea Büchler, professeur de droit civil à l'Université de Zurich. "Il est également important de clarifier les attentes mutuelles."

Ex-conjoint a déménagé

Ça a du sens. Mais que faire si vos parents sont tellement divisés qu’ils ne peuvent plus communiquer entre eux ? Tout comme dans l'exemple de Pascal O.*. Pendant des années, il s'est battu pour obtenir la garde partagée de ses deux garçons. L'ex-conjoint ne voulait lui accorder que des droits de visite étendus. Elle a même déménagé dans un autre canton pour marquer sa distance. Pascal O. a alors porté plainte devant le tribunal. "C'était une erreur", dit-il avec le recul, "car c'est ainsi que le combat a réellement commencé".

Ce n’est que des années plus tard que les deux hommes se sont mis d’accord sur une médiation professionnelle. Avec succès. «Nous aurions dû le faire dès le début», estime Pascal O. «Au cours de la médiation, nous nous sommes familiarisés avec les méthodes permettant de traiter les uns avec les autres sans conflit. Nous avons appris, par exemple, à ne pas voir une provocation ciblée derrière chaque décision que prend l’autre et qui ne vous plaît pas.

Pour la psychologue bernoise Liselotte Staub, experte en matière de garde partagée, c'est clair : « Il ne suffit pas de changer la loi et de déclarer la garde parentale conjointe comme la règle. Des mesures d’accompagnement sont nécessaires, comme une médiation obligatoire. Ce point de vue semble être de plus en plus accepté parmi les experts. Alors qu’il était auparavant convenu que la médiation devait être volontaire, de plus en plus de personnes se sentent aujourd’hui à l’aise avec l’idée d’une médiation ordonnée.

La Cour fédérale soutient la médiation

À la surprise de beaucoup, le Tribunal fédéral a également déclaré légale la médiation obligatoire dans un arrêt récent dans le cas de parents totalement en conflit (arrêt 5A_457/2009 du 9 décembre 2009). Reste à savoir si cette décision entraînera un changement radical dans la pratique.

La médiation peut éliminer les craintes et les malentendus qui existent des deux côtés, explique l'avocat et expert en médiation Christoph Wieser. De plus : Le médiateur n'est pas un juge, il n'a pas à porter de jugement. Toutefois, la médiation n’est pas une panacée et ne peut pas prévenir complètement les conflits. Voici donc quelques conseils de parents et d’experts destinés aux pères et mères qui décident d’une garde partagée :

 

  • Réglez de manière aussi détaillée que possible la manière dont vous partagez les responsabilités dans la vie quotidienne, même si cela vous semble inutile. Cela assure la sécurité, explique l'avocat de la famille soleuroise Thomas Grütter. Selon Grütter, les sujets importants incluent : quand l'enfant reste chez quel parent et pendant combien de temps, comment vous communiquez entre vous et prenez des décisions importantes (école, éducation, santé).

 

 

  • Déterminez qui est responsable de quels domaines (par exemple, activités sportives, loisirs) et respectez ces limites.

 

 

  • Reconnaître la règle de base selon laquelle le parent chez qui l’enfant réside est autorisé à prendre lui-même les décisions quotidiennes.

 

 

  • Informer les institutions telles que l'école pour assurer la circulation de l'information vers les deux parents.

 

 

  • Décidez de ce que vous ferez si la communication ne fonctionne plus. Demandez conseil à des experts, si possible pas à des amis. Celles-ci sont généralement biaisées ; Selon la psychologue Liselotte Staub, l'expérience montre également que les conseils d'amis ont tendance à alimenter les conflits existants plutôt qu'à les clarifier.

 

*Les noms ont changé